L’annonce d’un partenariat entre Huawei et Bitmain Technologies, société chinoise spécialisée dans la création de Bitcoin nous offre l’opportunité de nous intéresser davantage à l’utilisation des cryptomonnaies en Chine.
– Retour sur le Bitcoin et les cryptomonnaies
Le Bitcoin, première monnaie virtuelle indépendante, a été développé en 2008 puis publié en open-source en 2009 par un créateur anonyme connu sous le pseudonyme « Satoshi Nakamoto ». Toute personne sachant coder est capable de créer et d’échanger des Bitcoins mais la complexité du « minage » – procédé de création de Bitcoin – est corrélée au nombre de Bitcoins sur le marché. Cette difficulté croissante à miner du Bitcoin a entrainé l’apparition d’entreprises spécialisées. Outre le Bitcoin, il existe aujourd’hui de nombreuses autres cryptomonnaies telles que le ripple, l’ethereum ou encore le litecoin. Ces « agents actifs » fonctionnent sur le modèle du Bitcoin sans régulateur ni banque centrale, sont limités en nombre et circulent à l’aide de la blockchain, registre digital d’algorithmes. Selon une étude menée par le cabinet d’analyse Juniper Research, le nombre d’utilisateurs du Bitcoin dans le monde devrait s’élever à 5 millions en 2019. D’après Chris Burniske « Les épargnants qui se risquent sur les cryptomonnaies doivent être prêts à perdre la totalité de leur mise ! ». En guise d’illustration de sa volatilité, dans la période du 10 au 16 Mai 2018, le cours du Bitcoin était au plus haut à 7882€ pour 1 BTC et au plus bas à 6901€. D’après Les Echos, en 2017 sa capitalisation boursière – nombre de titres en circulation multipliée par le cours de l’action – a atteint les 238,07 milliards de dollars.
– L’Asie, à l’avant – garde des monnaies virtuelles
Tokyo est reconnue comme la capitale du Bitcoin, et depuis avril 2017 cette cryptomonnaie est officiellement reconnue comme moyen de paiement au Japon. Elle est désormais acceptée dans certains magasins, bureaux de change et banques. La transaction s’effectue en quelques secondes, il suffit au vendeur de scanner un QR Code sur le smartphone de l’acheteur. Malgré son côté volatile certains vendeurs préfèrent ainsi être payés en Bitcoin qu’en carte bancaire.
– Usage paradoxal des cryptomonnaies en Chine
Si certains pays ont interdit l’usage de cryptomonnaies, d’autres tels que le Japon et la France les utilisent et vont jusqu’à encourager leur développement. La Chine a un rapport plus particulier et paradoxal envers les monnaies virtuelles : elle tente de stopper la spéculation sans pour autant interdire le minage. D’après Dominique Nora, « la plus grosse industrie mondiale de « minage » se trouve… en Chine, qui pèse 60 à 70% de cette activité mondiale, loin devant l’Islande ou le Japon ! ». Afin de stocker des actifs numériques, des portefeuilles physiques comme le « Ledger » avec ses airs de clé usb ont été inventés. Huawei, concepteur chinois de smartphones et 3eme fabricant mondial a annoncé un partenariat avec Bitmain Technologies, société chinoise spécialisée dans le minage de bitcoins. Selon Raphaël Bloch, ils proposeraient un portefeuille virtuel pour les cryptomonnaies prénommé « BTC. Com » disponible dans l’AppGallery de la marque et préinstallé sur les nouveaux smartphones Huawei. Le lancement officiel de BTC.com a été accepté dans divers pays mais ce n’était pas le cas pour la Chine qui bloquait l’accès aux « Appstore » de Google et Apple. C’est donc une opportunité pour Huawei qui espère l’adoption de masse par ses utilisateurs, d’autant plus que la législation chinoise est plus conciliante avec ses leaders nationaux.
Dans le même temps, l’arsenal législatif chinois s’attaque à la spéculation des cryptomonnaies « au nom de la stabilité financière ». Franck Guyonnet-Dupérat et Maxime Ponsan rapportent que les levées de fonds en monnaies virtuelles (ICO) ainsi que les plateformes on-shore sont interdites dans le pays depuis septembre dernier. En février, la Chine représentait officiellement moins d’1% des échanges mondiaux effectués en cryptomonnaies. Néanmoins les investisseurs chinois arrivent à se connecter a des plateformes off-shore – situées en majorité à Singapour, Tokyo ou Hong Kong – à l’aide d’un VPN (Virtual Private Network) ou encore, à faire des transactions directes entre eux. Selon Le Figaro, malgré les interdictions concernant les monnaies virtuelles, le pays ne s’y oppose pas, tant qu’une entité gouvernementale s’occupe de la contrôler et réguler. Conférences et séminaires sont ainsi organisés par la People’s Bank of China et un laboratoire de recherche sur la blockchain a été ouvert. Pékin envisage même de créer sa cryptomonnaie nationale certifiée.
Cette situation paradoxale montre bien que la Chine a compris le potentiel que représentent les cryptomonnaies. Les champions nationaux chinois sont au cœur du développement de ces devises virtuelles en les expérimentant à l’extérieur du pays. Il y a donc fort à parier que le gouvernement Chinois s’appuiera sur leurs expériences pour développer et contrôler sa future monnaie virtuelle nationale.
Si vous désirez plus d’informations, n’hésitez pas à contacter le responsable de notre bureau parisien, Bruno Marengo à bruno.marengo@harriscorps.com.hk
Sources :
• Juniper Research, https://www.juniperresearch.com/resources/videos-radio/bnn-study-bitcoin-users-to-approach-5m-by-2019
• France 2, Complément d’enquête, https://www.youtube.com/watch?v=hN0_1pU4U5w
• Bitcoin.fr, https://bitcoin.fr/cours-du-bitcoin/
• Les Echos, https://www.lesechos.fr/infographie/bitcoin/
• Dominique Nora, L’Obs, https://www.nouvelobs.com/economie/20171128.OBS7910/11-cles-pour-comprendre-le-bitcoin-qui-a-depasse-les-10-000-dollars-l-unite.html
• Raphaël Bloch, Les Echos, https://cryptofr.com/topic/12131/presse-les-echos-huawei-facilite-l-investissement-dans-les-cryptomonnaies
• Franck Guyonnet-Dupérat et Maxime Ponsan, Asialyst, https://asialyst.com/fr/2018/04/23/chine-france-comment-reguler-crypto-monnaies-bitcoin/