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Suite à la crise de la vache folle de 2001, plusieurs pays dont la France se sont vu refuser l’exportation de viande bovine vers la Chine. 17 années plus tard, un audit sanitaire chinois d’usines et d’abattoirs français a conduit à la signature le 25 juin 2018 d’un protocole d’accord levant l’embargo sanitaire entre la France et la Chine. Revue des opportunités et défis créés par cet accord pour la filière bovine française.

– Audit sanitaire et rencontre entre dirigeants mènent à un protocole d’accord

Lors du quatrième jour de sa visite en Chine, Edouard Philippe annonce la signature d’un protocole d’accord autorisant à nouveau les importations de viande bovine désossée de moins de 30 mois. Les consommateurs chinois pourront enfin « apprécier l’excellence du terroir français ». Sont également signés des agréments d’importation pour deux abattoirs porcins (Tradival et Bigard) et deux entreprises de lait pour enfant (Baby Drink et Candia), ainsi qu’un protocole relatif à l’importation de semences bovines. (Bourse direct).

Les prémisses de cet accord étaient au cœur des négociations lors de la visite d’Emmanuel Macron en janvier. Suite à cette visite et dès mai 2018 les autorités sanitaires chinoises ont audité « 7 abattoirs et entrepôts de stockage » qui devraient recevoir l’agrément d’exportation dans les prochaines semaines » (Les Echos). L’Etat français espère que les premières exportations vers la Chine auront lieu dès Septembre.

– Nouvelle historique, petite ouverture de marché au grand potentiel

Depuis la signature de l’accord, l’exécutif français s’enthousiasme et insiste sur l’aubaine que représente l’ouverture de ce nouveau marché pour la filière bovine française, bouleversée en France par l’évolution récente des habitudes alimentaires. La consommation de viande, en France est ainsi en baisse de 5% par an (LCI). A l’inverse, elle est en plein essor en Chine, désormais deuxième importateur mondial de viande bovine avec une demande poussée par une classe moyenne grandissante et davantage « occidentalisée ». La France « exporte seulement 16% de sa production de bœuf, mais pratiquement rien en dehors de l’Europe » selon Frédéric Schaeffer qui voit d’un très bon œil cette ouverture.

Seuls 14 pays sont aujourd’hui autorisés à importer de la viande bovine vers l’empire du milieu. Les principaux importateurs sont le Brésil, l’Uruguay et l’Australie. Avec 1,5 millions de tonnes de viande bovine importées en 2017 rapporte La Tribune, le marché chinois est une opportunité alléchante pour la filière française.

Cela étant, l’accès au gigantesque marché chinois sera dans un premier temps très limité.  Dominique Langlois, président d’Interbev, Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes, espère pouvoir commencer à « exporter 30 000 tonnes par an ». A titre de comparaison l’abattage annuel de la région Auvergne Rhône Alpes s’élevait à 185 427 tonnes en 2016.  L’ouverture du marché Chinois est ainsi un horizon intéressant mais s’inscrit sur le long terme.

– Défis associés à la levée de l’embargo

Le futur développement espéré de ce nouveau marché sera incontestablement accompagné de challenges divers pour l’ensemble de la filière bovine par exemple :

Les petites exploitations, qui constituent la majorité du tissu agricole français, se demandent s’ils pourront bénéficier de cet accord et si ils peuvent espérer une hausse de leur chiffres d’affaires grâce à l’ouverture de la Chine. Didier Ramet, nous explique qu’il n’a pas les ressources nécessaires pour exporter mais espère que les plus grandes institutions telles que les coopératives avec lesquelles il a l’habitude de travailler mettront tout en œuvre afin de répondre aux volumes et normes d’abattage des autorités chinoises.

Par ailleurs, l’offre de viande bovine correspondait jusqu’à aujourd’hui principalement à la demande française qui est sensiblement différente de la demande chinoise. Les consommateurs chinois étant ainsi davantage friands de viande grasse, les futurs éleveurs exportateurs devront adapter leurs conditions d’élevage et d’abattage afin de correspondre aux nouvelles habitudes alimentaires chinoises, tout en répondant aux normes des autorités sanitaires chinoises.

Si la filière bovine réussit son adaptation et pérennise l’ouverture du marché chinois, les perspectives sont positives et semblent arriver au bon moment pour une filière fragilisée par une baisse des prix et une hausse des coûts. Malgré son caractère limité, ce nouveau débouché pourrait dynamiser la filière et accélérer sa réorganisation. Fidèles à leurs habitudes, les autorités chinoises ouvrent la porte lentement pour mesurer et contrôler l’impact de la fin de l’embargo. Aux acteurs de la filiale bovine française de maintenant créer les conditions d’un élargissement des quotas et d’un assouplissement des normes qui seraient bénéfiques pour l’ensemble de la filière.

Si vous désirez plus d’informations, n’hésitez pas à contacter le responsable de notre bureau parisien, Bruno Marengo à bruno.marengo@harriscorps.com.hk

Sources :

• Ambassade de France à Pékin, https://cn.ambafrance.org/Deplacement-du-Premier-ministre-en-Chine

• Bourse Direct, https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/economie/chine-accord-pour-lever-l-embargo-de-2001-sur-la-viande-bovine-francaise-officiel-afp-cc9c6c1e6596b95549e51bb440df29a5cd0a16d4

• Les Echos, https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0301875232493-le-boeuf-francais-bientot-vendu-en-chine-2186988.php

• LCI, https://www.lci.fr/economie/la-chine-s-ouvre-a-la-viande-de-boeuf-francaise-2091474.html#Echobox=1529934902

• La Tribune, https://www.latribune.fr/economie/international/le-boeuf-francais-revient-en-chine-apres-17-ans-d-embargo-sanitaire-783096.html?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1529997723

• Agreste, http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/R8417A12.pdf

• France 3 Bourgogne-Franche-Comté, https://www.youtube.com/watch?v=PB9qk7Rk-8w

• France 3 Hauts-de-France, https://www.youtube.com/watch?v=DRvP6n-1bZs