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La route de la soie, vaste réseau de routes commerciales, reliait déjà, il y a plus de 2000 ans, l’Asie et l’Europe. De nombreuses marchandises y transitaient, mais la plus rare et la plus chère lui laissa son nom. Au-delà de l’impact économique des échanges de marchandises, la route de la soie fut un vecteur important de diffusion des cultures. Mais de par la dangerosité des voyages, les difficultés liées au climat, et la fabrication de la soie en Europe, elle fût abandonnée et progressivement remplacée.

En 2013, le président Chinois, Xi Jinping, propose de faire renaitre cet axe d’échange, en proposant une nouvelle stratégie de développement pour la région. Nommée One Belt, One Road (OBOR), cette initiative, lancée officiellement le 14 mai dernier lors d’un évènement diplomatique, a pour but de faire revenir la Chine au centre des échanges mondiaux.

OBOR est un réseau de routes, de chemins de fer, de pipelines d’hydrocarbure, de ports, et d’autres infrastructures, destinés à connecter la Chine à plus de 65 pays. Ce programme d’investissements et de constructions, d’une valeur de plus de 1000 milliards de dollars, reliera, selon une étude de McKinsey, plus de 65% de la population mondiale et représentera environ 1/3 du PIB mondial.

Il s’agit de 2 axes d’échanges principaux :

  • La Silk Road Economic Belt, via la terre, qui relie la Chine, l’Asie centrale, l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest ;
  • Et la Maritime Silk Road, via la mer, qui relie la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Asie centrale et l’Afrique.

Dans une analyse du Center for Security Studies, Stephen Aris explique les bénéfices d’une telle stratégie pour la Chine. Il s’agit à la fois d’étendre son influence géopolitique, en renforçant les partenariats existants et en n’en nouant de nouveaux, de maintenir une croissance économique forte, en ouvrant de nouveaux marchés à ses grandes entreprises, d’accroitre l’usage du RMB à travers le monde mais également de réduire les inégalités entre les régions Chinoises. Une initiative « brillante » selon Clyde Prestowitz, président du Economic Strategy Institute, pour CNBC, mais qui ne profitera qu’à la Chine selon les plus sceptiques : d’après Mark Magnier et Chun Han Wong « ce qu’elle veut, surtout, c’est vendre ses produits ».

Selon le Center for Security Studies (CSS), “l’OBOR ne pourra se matérialiser sans la participation commerciale active des entreprises chinoises et étrangères“ et “les capacités de financement et de construction de l’État chinois seul sont loin d’être suffisantes“. George Friedman pour Business Insider, rappelle que les régions traversées par la nouvelle route de la soie font parties des plus instables politiquement, notamment l’Asie centrale. Sa faisabilité est donc incertaine et le risque est d’autant plus grand que d’importantes lignes de crédits sont accordées à des pays peu solvables comme l’Ethiopie ou le Sri Lanka.

Mais Wade Shepard pour Forbes se veut optimiste : « OBOR est maintenant devenu un sujet de discussion en dehors des murs des agences gouvernementales et des Think Tanks des universités, et beaucoup en Chine semblent maintenant si convaincus de son potentiel qu’ils débarquent dans des endroits reculés comme Horgos au Kazakhstan, en créant des entreprises, en investissant. The Belt and Road commence à tenir ses promesses ». Cette initiative permettra de réduire les écarts de développement, notamment en termes d’infrastructures sur le continent asiatique, et d’augmenter l’attractivité de certaines régions. De plus, le contexte est favorable d’après Sébastien Goulard : « l’abandon du partenariat transpacifique peut être une opportunité pour l’Europe de devenir un partenaire majeur pour la Chine ». Les bénéfices des investissements justifient-ils « le risque de perdre le contrôle souverain et de devenir trop dépendant de la Chine » ? La question se pose pour le Center for Security Studies (CSS).

Du côté Français, les échanges commerciaux entre les deux pays doivent se rééquilibrer. François Roche pour La Tribune estime que « les domaines où les entreprises françaises pourraient accroître leur présence sont connus : la pharmacie, l’aéronautique, l’agroalimentaire, l’automobile, les services. » Avant d’ajouter que « les secteurs visés par le projet « One Belt, One Road » sont (…) ceux ou les technologies françaises en matière d’énergie, de transport, de travaux publics et de télécommunications trouveraient à s’employer dans des projets d’infrastructures communs ».

Il y a une réelle volonté de développer les échanges entre le France et la Chine : le China-France Investment Dialogue en est la preuve la plus récente. Valoriser ces échanges est d’autant plus important dans un contexte où les relations entre les deux continents sont anciennes et l’influence de la Chine croissante. Les changements qui vont s’y opérer dans les prochaines années vont indiscutablement accroitre les opportunités d’affaires dans cette région.

 

Sources